Le rapeur Meak est bel et bien de retour. Il revient sur le devant de la scène avec 12 morceaux disponibles sur son cinquième et nouvel album baptisé MON CRITERIUM ET UN CARNET. L’occasion pour nous de lui poser 10 questions autour de ce projet très personnel… qui n’a pas fini de faire parler de lui !
C’est à l’âge de 15 ans que Meak, artiste de la région parisienne, a commencé à faire de la musique. Si au début il était partagé entre écrire des textes qui feraient plaisir à ses amis et créer des choses pour l’église/la famille , le jeune homme de 31 ans a aujourd’hui pris position. « Mon écriture a beaucoup changé au moment où j’ai décidé de vivre Christ comme une réalité et ne plus rester dans la théorie » nous révèle-t-il.
Ainsi, en tant que chrétien qui fait du rap, Meak raconte dans ses textes tout ce qu’il aime, son quotidien, il évoque sa femme, sa famille, ses amis, il partage plein d’anecdotes et parle évidemment de sa vie spirituelle. Interview.
Tu reviens après presque 3 ans avec un nouveau projet appelé MON CRITERIUM ET UN CARNET. Pourquoi ce titre ?
Je n’ai pas choisi ce nom par hasard. Il a un double sens. Quand ce titre est lu rapidement, on croirait entendre « mon critérium est incarné ». Comme ci le critérium a été fait chair . Dans la Bible, on dit que la Parole a été faite chair, elle a été incarnée en Christ. Je reprends cette idée en voulant donner vie à mon écriture à travers mon critérium. Celui-ci est donc incarné. Mon carnet et mon critérium sont mes deux armes, les deux outils qui m’accompagnent partout. Cet album est un peu comme un journal intime, je partage ma vie et ma grande passion pour l’écriture.
L’une des nouveautés avec cet album, c’est que tu as décidé de partager les dessous avec le public à travers les réseaux sociaux pour la première fois !
De A à Z ! Je produis tous mes albums et c’est vrai que pour celui-ci, j’ai dévoilé tout mon processus : tout part du critérium et du carnet. J’écris n’importe où…dans le RER, ma chambre. Ensuite, je produis mes intrus à la maison, j’enregistre et je les lance.
Cette fois-ci j’avais envie d’aller plus loin dans la communication, d’être transparent et inviter les auditeurs à vivre le parcours avec moi. De plus, j’avais envie de passer en mode plus professionnel car cet album, à la différence des trois précédents, a été enregistré en studio pro à Paris. Et c’était cool !
J’ai dû faire une levée de fond et le public a été génial. Il y a eu des participations de toute la francophonie. Ils m’ont permis d’avoir suffisamment d’argent pour réaliser ces enregistrements au studio. C’était vraiment nouveau pour moi et j’étais super content de pouvoir le partager avec les auditeurs et toutes les personnes qui ont participé financièrement. J’avais l’impression que là, je ne travaillais plus vraiment seul, je recevais des messages des uns et des autres qui me disaient « allez on te soutient ». Je ne me suis pas senti seul et c’est assez marrant parce que cet album est très personnel. J’avais besoin de me sentir en introspection, c’est une écriture très profonde et la préparation a été intime, privée et à la fois très solidaire avec ceux qui ont été là pour construire avec moi. J’ai vraiment kiffé.
En parlant de communication, tu as révélé une anecdote sur l’album qui concerne un sample d’une petite fille…qui n’est autre que ta femme aujourd’hui. Comment ça s’est fait ?
Dans un morceau j’ai utilisé un sample – un extrait que je retire d’un morceau pris à droite, à gauche et que j’insère dans d’autres enregistrements. C’est quelque chose que j’utilise beaucoup. Souvent ce sont des extraits de musique classique ou jazz mais là c’est un sample particulier, celui d’une jeune fille de 4 ans qui prêche pratiquement (rires). Elle parle de Dieu, elle dit des phrases à la fois cohérentes et loufoques, c’est assez marrant. Cette petite voix vient d’une cassette audio et il se trouve que c’est ma femme !
Mes beaux-parents l’ont retrouvé et en écoutant la cassette je me suis dis qu’il fallait vraiment que je fasse quelque chose de cet enregistrement. Quelques temps après, lorsque que j’ai travaillé sur le morceau « Les yeux dans les yeux », j’ai constaté que ce qu’elle disait se prêtait bien au contenu, au sens même du morceau. J’ai décidé de l’incorporer.
Ça ajoute encore plus à ce côté très personnel. Cet album c’est comme un scrapbooking sur lequel je colle plein de morceaux de ma vie.
En un mot, quel est le message que tu veux transmettre à travers cet album ?
« Authenticité ». Si tu chopes le journal intime de quelqu’un – avec son autorisation – … tu te rendras compte que l’écriture, lorsqu’elle est sincère , ne ment pas. Elle te reflétera vraiment la personne dans sa profondeur. Et même dans les choses qu’on ne soupçonne pas trop. Je prends un exemple. Dans mon album il y a un titre qui s’appelle « Plus de toi« . Je raconte comment une personne peut vivre un temps de louange, ce moment assez bien connu pour être joyeux dans un culte. Dans ce titre, je fais une retrospective et le gars vit ce moment super mal. Il y a un décalage, il est juste pas dans le mood. Il est malheureux. Et quand on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il y a quelque chose qui n’est pas réglé dans sa vie.
Pourquoi avoir choisi d’écrire là-dessus ? C’était une nécessité pour toi de montrer cet angle là ?
Oui je pense. Il y a toujours une notion de sagesse à avoir. Il y a plein de chose que j’ai envie d’écrire , que je vis et que j’écris mais à moi d’être sage dans le partage de ces textes avec le grand public. Je me demande si ça ne va pas être une occasion de chute ou de critique pour d’autres mais là j’étais assez serein pour ce texte. Je suis sûr et certain de ne pas avoir été le seul à vivre cette situation. Ce chant n’est pas fait pour critiquer les temps de louange, bien au contraire. C’est pour dire que ce sont des temps profonds qui peuvent commencer dans les larmes et finir dans la joie. Si ça peut bénir quelqu’un, si ces paroles peuvent être utiles pour quelqu’un…c’est mission accomplie.
La plupart des histoires racontées dans l’album sont inspirées de faits réels notamment « Treize onze« . Tu parles des attentats du 13 novembre 2015. Une histoire de dingue dans laquelle toi, ta femme et tes amis avez frôlé la mort.
Une histoire de dingue et histoire bien triste aussi mais c’est la souveraineté de Dieu que j’ai voulu mettre en avant. Bien malheureusement d’autres personnes ont vécu des choses bien plus graves ce jour-là. Je veux vraiment glorifier Dieu à travers ce texte et j’aimerais qu’à l’écoute de ce morceau, tout le monde soit témoin que si on est encore en vie, c’est vraiment parce qu’il y a eu le serveur du restaurant qui nous a pris à la dernière seconde ! C’est aussi parce qu’il y a eu ce monsieur qui nous a mis dans son sous-sol. Tout peut arriver et c’est une vrai prise de conscience. Après ça, on comprend réellement que tout est par grâce.
Dans cet album, il y a une succession de morceaux dans lesquels je parle de la mort . Ça fait parti des réflexions qu’on peut se faire dans une période de notre vie surtout après avoir vécu des choses comme ça. Tu te remets en question… comme dans le titre « Minuit pile« . C’est pour ceux « qui n’ont pas préparé leur mort ». Ce sont des réflexions un peu tristes mais importantes à se faire.
L’album regorge de problématiques importantes dont on ne parle pas souvent. Dans le titre « Temps mort » justement tu dis : « Je suis entrain de perdre et je cours après le score, à force de vouloir plaire, je me suis trompé de sport« . Est-ce aussi une manière d’adresser un avertissement à tous les talents qui souhaitent se lancer dans cette industrie ?
Oui, c’est une sorte d’avertissement. Il y 10-15 ans, je n’étais pas assez averti en commençant le rap. En voyant que les choses commençaient à marcher grâce à Dieu qui ouvrait les portes, j’ai pu faire plusieurs concerts, réaliser les albums précédents puis des concerts dans toute la France, ensuite la francophonie. Ca a commencé à marcher financièrement, au point de quitter mon boulot. Tout est allé assez vite. Je suis très reconnaissant au Seigneur mais je n’étais pas assez averti sur le fait de préserver mon intégrité et mon identité. Sur le fait d’être prudent à la tentation de l’idolâtrie et de l’approbation des autres. J’en parle dans le couplet de ce morceau.
Je me suis vite rendu compte que je devenais esclave finalement de cette volonté d’être applaudi. Je me suis rendu compte que plus ça avançait et plus je voulais faire de la musique pour les mauvaises intentions, les mauvais objectifs. « Je me suis trompé de sport »… parce qu’à la base, moi je voulais faire ça parce que j’aime la musique et que j’ai un beau message à transmettre : celui de l’évangile. C’était une sorte d’avertissement que je voulais faire à tous les jeunes artistes qui voudraient se lancer : attention à ce mal qui se crée et qui peut parfois empiéter sur la vie personnelle. Dès le départ, il faut être super claire et répondre honnêtement à la question « pourquoi je fais de la musique ». Ca va déterminer beaucoup de choses par la suite.
Que penses-tu de l’évolution que connait le secteur du gospel urbain ? Il semblerait même qu’il y ait un attrait encore plus grandissant venant des jeunes.
Je me suis fais la réflexion la dernière fois et c’est vrai qu’il y a un contenu vraiment intéressant ces dernières années ! L’ère des réseaux sociaux y est aussi pour beaucoup car ça permet à plusieurs de s’exprimer et de présenter d’autres choses dans l’offre musicale. L’offre est plus variée, on peut trouver des choses qui plaisent et permettent de se détacher de ce qu’il se fait dans le milieu séculier et ça c’est cool.
Aujourd’hui, je pense qu’un jeune qui kiffe le dancehall (rires) peut trouver un artiste qui fait de la qualité. On vit une belle époque, peut-être la meilleure jusqu’ici. J’ose croire et je veux croire que ça sera encore meilleur avec les années qui vont venir car on va travailler la qualité encore plus.
A la fin des concerts quand je discute avec les jeunes, ils me disent qu’ils écoutent pratiquement du 50 50 entre la musique qui glorifie le Seigneur et la musique qui ne le fait pas. C’est encourageant.
Je tiens juste à rajouter que ce qui tue un peu la musique chrétienne , c’est de parler de « musique chrétienne » et notamment de rap chrétien car ça n’existe pas, ça n’a pas de sens. Une musique n’est pas chrétienne par définition. Il n’y a pas un genre musical plus saint qu’un autre. C’est en revanche la vie et le comportement des artistes ainsi que le contenu de leurs paroles qui vont faire que la musique est inspirée. Mais bon, je sais qu’il faut faire avec notre temps et nos contemporains. Je sais que ces termes rassurent une génération plus ancienne. Si tu leurs dis « un concert de rap » tout court, ils auraient beaucoup plus peur que si tu dis : « il y a un concert de rap chrétien ».
Avec quel artiste (chrétien ou pas) aimerais-tu un jour collaborer ?
De manière très très utopique, je dirais J. Cole. J’aime son style et son univers bien qu’il change un petit peu en ce moment. Pour une collaboration francophone, je dirais le groupe Yatal. Ca serait carrément possible en plus, on a tissé de très bons liens. Ils font du folk, c’est un groupe vraiment sympa !
Quels sont tes projets futurs ?
Je veux travailler dans un sens différent. De manière concrète, il y a la promo de l’album donc il y aura un peu plus de concerts. Je vais aussi faire des missions d’écriture : à titre anecdotique, j’ai reçu une commande d’un couple qui souhaitait une chanson personnalisée pour leur entrée dans l’église. C’est tout nouveau et super intéressant d’un point artistique. Je vais aussi animer des ateliers d’écriture pour les jeunes. Je veux élargir mon champ d’action.
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